Comment évalue-t-on aujourd’hui un niveau de langue ?
À Genève, ville internationale par excellence, maîtriser plusieurs langues est souvent une nécessité. Mais comment savoir où l’on en est vraiment ? Que veut dire “avoir un bon niveau de français” ou “parler un peu anglais” ? Pour y voir plus clair, nous avons rencontré T. K., formatrice et spécialiste en évaluation linguistique dans une école de langues genevoise spécialisée dans l’intégration sociale et professionnelle.
On entend beaucoup parler de “niveau de langue”, mais concrètement, comment l’évalue-t-on aujourd’hui ?
Très bonne question ! C’est vrai que tout le monde parle de “niveau de langue”, mais cela reste assez flou pour beaucoup de gens. Aujourd’hui, on s’appuie sur des référentiels clairs et reconnus au niveau européen, en particulier le CECRL (ou CECR), c’est-à-dire le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues. Ce cadre définit six niveaux allant de A1 (débutant) à C2 (maîtrise experte). C’est la base pour évaluer le niveau en langue de façon objective et consensuelle.
Que signifient exactement ces niveaux ?
Chacun de ces niveaux décrit ce qu’une personne est capable de faire en compréhension et en production, aussi bien à l’oral qu’à l’écrit. Par exemple, une personne de niveau A2 peut comprendre des phrases simples sur des sujets familiers et se débrouiller dans des situations courantes. Une personne de niveau B2 peut argumenter, défendre un point de vue, et comprendre des textes complexes. Le niveau de la langue est donc évalué à travers des compétences concrètes, ce qui est très utile dans un contexte professionnel.
Que vaut une évaluation gratuite sur Internet ?
C’est une question qu’on me pose souvent ! Ces tests gratuits peuvent donner une première idée générale, surtout pour des personnes curieuses de se situer. Mais ils sont souvent très limités : ils ne couvrent pas toutes les compétences (comme la production orale et les interactions), manquent de fiabilité, et donnent rarement un résultat valable dans un contexte professionnel précis. En résumé, c’est un bon début, mais cela ne remplace en rien une vraie évaluation encadrée par un professionnel.
Comment se passe concrètement une évaluation de niveau ?
Cela dépend du contexte. Par exemple, dans notre centre de formation linguistique ASC Languages, pour un diagnostic en amont de la formation, on utilise un test de positionnement informatisé (ou tapuscrit), suivi d’un entretien oral. Cela permet de mesurer ce que la personne comprend, ce qu’elle sait produire, et comment elle se débrouille en interaction. L’entretien, de préférence et le plus souvent face à face, permet également de recueillir des informations comme l’environnement de l’apprenant, son parcours scolaire (et +), son profil d’apprentissage, ses besoins spécifiques et attentes précises. Ces 2 volets (test écrit + entretien) sont complémentaires et essentiels pour garantir une formation de qualité.
Ce type d’évaluation (analyse des besoins) est à distinguer d’autres tests comme le test fide pour le français qui évalue les compétences linguistiques dans des situations de la vie quotidienne.
Justement, parlez-nous un peu plus du test fide. En quoi est-il particulier ?
Le test fide est adapté au contexte suisse et il repose sur des mises en situation concrètes : aller chez le médecin, chercher un emploi, parler avec l’enseignant de son enfant, etc. Ce n’est pas un test académique. Il mesure ce que la personne peut faire dans la vie de tous les jours. Il couvre trois niveaux du CECRL (A1 à B1) et permet d’obtenir une attestation de niveau de langue reconnue pour les démarches d’intégration, de naturalisation, ou d’emploi.
En quoi l’évaluation du niveau de langue est-elle importante pour l’accès à l’emploi ?
Elle est essentielle ! À Genève, de nombreux employeurs demandent un niveau minimum en français. Dans certains secteurs – vente, sécurité, santé – un niveau A2 ou B1 est souvent exigé. Sans évaluation fiable, on peut sous-estimer ses compétences, ou au contraire se retrouver en difficulté en poste. Une bonne évaluation permet de savoir où on en est, mais aussi de fixer des objectifs réalistes. C’est un outil clé dans l’accompagnement vers l’emploi, notamment pour les personnes migrantes ou en reconversion.
Est-ce que les employeurs font confiance à ces évaluations ?
Oui, de plus en plus. Lorsqu’un CV mentionne “niveau B1 en français”, cela donne une information claire à l’employeur. C’est bien plus précis que “français : moyen” ou “anglais : bon”. Cela rassure les recruteurs et valorise les compétences linguistiques. À Genève, avec l’importance du multilinguisme, avoir une attestation de niveau de langue devient presque indispensable.
Quelles sont les conditions à respecter pour un diagnostic linguistique de qualité ? Une évaluation complète ? Pourquoi ?
Absolument. Comme évoqué précédemment, une bonne évaluation doit être complète, c’est-à-dire mesurer les quatre compétences : compréhension orale, compréhension écrite, expression écrite et expression orale. À cela s’ajoute un entretien individuel, qui permet de mieux cerner les besoins, les objectifs et les freins éventuels de l’apprenant. Cela donne une vision fine du niveau de la langue, bien plus qu’un simple questionnaire. D’ailleurs, il est souvent utile de faire la distinction entre la justesse (précision) et la fluidité. Les 2 paramètres sont bien distincts et le niveau de la langue ciblée peut privilégier l’une ou l’autre notion, d’où l’intérêt d’un diagnostic exhaustif : complet et détaillé.
Et oui, il est préférable de faire cette évaluation avant le début d’un cours, pour placer la personne dans un groupe adapté, éviter la démotivation, et permettre une vraie progression. C’est une étape indispensable dans une approche pédagogique de qualité, surtout dans un contexte comme le nôtre, où la langue est un levier d’intégration et d’employabilité.
Que vous soyez nouvel arrivant, en recherche d’emploi ou en formation, connaître précisément votre niveau en langue, puis progresser pas à pas, c’est la meilleure stratégie. À Genève, parler la langue, c’est bien plus qu’un atout : c’est une clé d’inclusion.
Explore
Support
Language courses
Company policy
Data protection law